Vous connaissez cette situation ? Vous êtes là, en pleine nature, vous avez ENFIN réussi à choper un oiseau dans votre viseur. Le rougegorge est parfaitement posé. La mise au point est nickel. Vous déclenchez, vous êtes content.
Et puis vous rentrez chez vous, vous ouvrez Lightroom et... 💩.
C'est le cas précis que traite Gareth Evans de Park Cameras dans cette vidéo !
Quand la lumière naturelle te déteste
La photo du jour, c'est celle-ci : un magnifique rougegorge shooté avec le Canon R6 Mark III. Sauf qu'il y a un LÉGER problème. La lumière derrière est hyper lumineuse, et le sujet devant est complètement dans l'ombre.
Classique de la photo animalière, n'est-ce pas ? On ne contrôle pas la lumière naturelle. On fait avec ce qu'on a. Et parfois, ce qu'on a, c'est pas terrible 😅
Les solutions évidentes (qui marchent pas)
Solution n°1 : Augmenter l'exposition globale
Bon ben non. Ça ne marche pas. Le fond devient encore plus cramé et le rougegorge reste dans le noir. Super.
Solution n°2 : Baisser les hautes lumières, monter les ombres
Mouais. On obtient une photo toute plate, sans relief. Pas hyper naturel. On peut ajouter un peu d'exposition par-dessus, mais bof. C'est pas ça.
Solution n°3 : Clarté et Texture
Ça aide un chouïa, mais c'est pas non plus la solution miracle.
Solution n°4 : Masque sur le sujet
Lightroom détecte le sujet automatiquement, on boost l'exposition juste sur l'oiseau. C'est mieux, mais ça ne fait pas très naturel non plus. On sent qu'il y a eu de la bidouille.
Bref, aucune de ces solutions ne fonctionne vraiment. Alors on efface tout et on recommence.
La vraie technique : Sculpter la lumière
Ce qu'on veut vraiment, c'est façonner la lumière autour du sujet pour que ça ait l'air naturel. Qu'on retrouve ce qu'on a vu avec nos yeux sur place.
Petite précision importante : ici on travaille sur un JPEG. Donc on peut pas pousser et tirer autant qu'avec un RAW. Mais même comme ça, on peut faire des miracles.
Étape 1 : Les ajustements de base
D'abord, on commence tranquille :
- Ombres : un peu vers le haut
- Hautes lumières : légèrement vers le bas
- Contraste : une touche en plus
- Clarté et Texture : juste ce qu'il faut
- Vibrance : on monte un peu
Rien de fou pour l'instant.
Étape 2 : Masque sur le sujet
On crée un masque sur le sujet (Lightroom le détecte tout seul comme un grand) et on monte l'exposition dessus. Déjà, ça commence à ressembler à quelque chose.
Étape 3 : Les dégradés linéaires (là ça devient sérieux)
Premier dégradé : Du bas vers le haut. On fait un clic droit > "Intersection avec" > "Arrière-plan". Comme ça, le masque passe derrière le sujet. On baisse l'exposition un chouïa.
Deuxième dégradé : Du bas à gauche. Cette fois, pas d'intersection. On assombrit juste un peu.
Dégradé radial : On en met un gros autour du sujet et on remonte l'exposition légèrement.
Troisième dégradé linéaire : Du haut à droite cette fois (l'inverse de ce qu'on a fait). On monte l'exposition, on ajoute du Voile négatif (negative dehaze) et on réchauffe un peu la température de couleur.
Étape 4 : Les détails qui tuent
Dégradé sur la branche : On crée un dégradé qu'on intersecte AVEC le sujet cette fois. On le rend un peu plus dur (moins doux). Et on baisse l'exposition. Ça va créer une ombre sous la branche et sous l'oiseau. Ça donne de la dimension à la lumière. Du relief.
Dernier dégradé radial : En haut à droite. Exposition vers le haut, on réchauffe, et voile négatif. On crée ainsi une vraie source lumineuse naturelle en haut à droite.
Et voilà ! On a sculpté notre lumière. Le sujet est clair et défini, avec des zones d'ombre et de lumière qui font sens.
Étape 5 : Les ajustements finaux
On peut baisser l'exposition globale d'un chouïa. Les hautes lumières aussi. Un peu plus de contraste. Un soupçon de clarté en plus.
Étape 6 : La magie du Mélangeur de couleurs (HSL)
Direction les curseurs Teinte, Saturation et Luminance.
Dans Teinte :
- Orange : vers un orange brûlé
- Rouge : légèrement déplacé
- Jaune : un peu vers la gauche (on est en automne, faut que ça se voie)
- Vert : plus vers le vert riche que vers le jaune
Dans Saturation :
- On désature un peu l'orange
- Un peu de jaune aussi
- Une touche de vert
Et là, pouf ! Les couleurs deviennent magnifiques.
Étape 7 : Le bonus vignettage naturel
Un dernier dégradé radial autour du sujet. On l'inverse et on baisse l'exposition. Ça va concentrer la lumière sur l'oiseau et guider l'œil du spectateur exactement où on veut.
Le résultat : Avant / Après
Avant : Une photo plate, sombre, avec un arrière-plan qui pète les yeux et un sujet invisible.
Après : Des couleurs riches et chaudes, une lumière naturelle qui a du sens, un sujet bien éclairé sans que ça fasse "photoshoppé à mort".
Ça ressemble ENFIN à ce qu'on a vu sur place avec nos yeux.
La leçon du photographe animalier
En photo animalière, il y a deux écoles :
- Courir après l'oiseau (comme ici) et corriger en post-prod
- Trouver une belle lumière et attendre que l'oiseau vienne à vous
La patience, c'est le nom du jeu en photo animalière. Attendre la bonne lumière plutôt que de shooter n'importe comment, ça peut valoir le coup.
Cela dit, ici, on a quand même réussi à tirer quelque chose de vraiment chouette d'une photo qui partait mal. Et c'est aussi ça la photo : savoir sauver les meubles en post-production quand Dame Nature ne nous a pas fait de cadeau 🎁
Votre avis ?
Vous auriez fait quoi différemment sur cette photo ? Changé l'éclairage ? Joué sur d'autres couleurs ? Ou simplement repassé un autre jour pour shooter dans de meilleures conditions ?
En tout cas, une chose est sûre : avec Lightroom et un peu de patience, même une photo qui part mal peut finir par être sauvée. C'est toujours bon à prendre comme exercice 💪
Et vous, vous avez des photos "ratées" qui traînent dans votre catalogue et qui attendent d'être sauvées ?
Par Mathieu · Mis à jour le 23/12/2025